ParisCeux qui considèrent
qu’Anna Ternheim avait atteint un sommet sur Leaving on a mayday, son
troisième album en 2008, vont devoir se faire une raison : elle n’est pas près
de le rééditer. Il faut croire que les somptueux arrangements pop dont Björn
Yttling avait habillé ses poignantes chansons, noyées dans le doute et
l’errance affective, ne convenaient pas à la discrète Suédoise en quête
d’épure. Tant pis. La chanteuse, star en Scandinavie, ne paraît s’épanouir que
dans la fuite ou le repli, apprivoisant ses peurs et ses failles avec ses mélodies
liquides et sa douce voix légèrement voilée.
Après un épisode (trop) américain, un retour presque apaisant à sa Suède
natale, la voici sous l’influence de l’air carioca. Heureusement, All the way
to Rio n’a rien du ronronnant disque occidental au parfum de samba que l’on
pourrait redouter. Il s’agit juste du climat, de l’ambiance aérienne de la
musique brésilienne qui souffle comme une brise légère sur cette courte
collection de vignettes folk-pop où même une guitare se distord avec grâce (le
délicatement tendu Holding on).
Les titres aux atours subtils s’enchaînent harmonieusement, berçant l’auditeur
de leur mélancolie réconfortante.
Tout n’est pas perdu, loin de là.