Les deux siècles suivant sa création voient l'Opéra changer onze fois de lieu. Il occupe ainsi les salles de la Bouteille (1670-1672), du Jeu de paume (1672-1673), du Palais-Royal (1673-1763), des Machines (1764-1770), la seconde salle du Palais-Royal (1770-1781), des Menus-Plaisirs (1781), de la Porte Saint-Martin (1781-1794), de la rue de Richelieu (1794-1820), le Théâtre Louvois (1820), les salles Favart (1820-1821) et Le Peletier (1821-1873).
En 1860, Napoléon III érige le projet d’un nouvel Opéra en priorité absolue. La raison est claire : échappant de peu à un attentat lors d’une soirée à l’Opéra Le Peletier, l’Empereur souhaite offrir à la haute société une structure plus sécurisée et flamboyante. Près de 171 concurrents s’affrontent sur ce projet délicat et ambitieux suivi de près par Georges Eugène Haussmann. Viollet-le-Duc, qui travaille sur le nouveau Louvre, est le grand favori. Ce qui n’est pas le cas du jeune Charles Garnier qui fait office d’outsider. Mais le Parisien possède un véritable atout : son éclectisme acquis à travers ses années de voyage en Italie et en Grèce. Son culot fait la différence.
Les travaux s’étalent sur quinze ans, ce qui ne permet pas à Napoléon III de connaître de son vivant ce temple symbolique du Second Empire. L'Opéra devait être dans le même temps l’un des « phares » dont le baron Haussmann parsema la capitale pour rythmer les nouvelles voies de circulation. Le quartier alentour fut alors totalement remodelé, faisant disparaître plusieurs hôtels particuliers du XVIIIe siècle.
C’est le Président Mac-Mahon qui inaugure le nouvel Opéra le 5 janvier 1875 en présence du Roi et de la reine-mère d’Espagne, du Lord-maire de Londres et de deux mille invités de haut-rang venus de toute l’Europe. Seule fausse note regrettable : Charles Garnier, qui n’avait pas été invité, doit payer sa seconde loge.
Au fil des ans, l’Opéra de Paris – classé monument historique en 1923 – continue de séduire les visiteurs par son luxe. Il faut attendre 1964 pour observer une véritable évolution à savoir les peintures du plafond de la salle réalisées par Marc Chagall représentant neuf opéras célèbres. La magie de Garnier n’a pas fini de s’éteindre…