Construit par les architectes Romain de Bourges et François-Hippolyte des Tailleurs en 1847, à l’emplacement des jardins de l’hôtel Aguado (une porte dérobée donne encore dans les locaux de l’actuelle mairie du 9e arrondissement) et dans l’alignement du passage Verdeau (édifié la même année), le passage Jouffroy relie les Grands Boulevards et la rue de la Grange-Batelière, en passant sous la terrasse de l‘hôtel Ronceray datant de 1868 et où résida Rossini.
Il fut percé dans la continuité du passage des Panoramas, datant lui du début du XIXe, et forme ainsi la plus longue promenade couverte de Paris. Cet ensemble représente le témoignage d’une forme urbaine très parisienne, particulièrement en vogue lors de la première moitié du XIXe siècle. Un peu plus long que son voisin le passage Verdeau, Il mesure 140 m de long et 4 m de large. Son tracé fait un double coude à angle droit, avec un petit escalier pour respecter la déclivité du terrain. C’est le premier passage entièrement construit en fer et en verre. Ce fut aussi le premier à être chauffé par le sol. Ainsi on voit encore les « rosettes de fer », grilles dans le dallage qui diffusaient la chaleur. Ses structures métalliques témoignent de l’évolution des techniques. Des colonnes de fonte soutiennent les planchers et s’élèvent jusqu’à la verrière en ogive. Le passage a conservé les encadrements de boiseries de ses devantures, où sont sculptés les numéros de chaque travée. Restauré en 1987, il a retrouvé son carrelage d’origine. Son décor est assez sobre avec une horloge monumentale de chaque côté.
Il a toujours connu un grand succès, l’un des premiers cafés chantants de Paris, l’Estaminet lyrique, y fut ouvert en 1848, qu’évoque Berlioz : c’est là en effet que « s’époumonent sur un petit théâtre et aux maigres sons d’un piano, six ou sept chanteurs voués à la romance…
Un café concert, le Petit Casino, était aussi présent dans ce passage entre 1895 et 1948, qui vit les débuts de Damia.
Si les enseignes des magasins changent maintenant régulièrement, des commerces pittoresques demeurent comme les longs étals de livres de l’ancienne librairie Paul Dulin .
C’est aussi le royaume de la mère et de l’enfant, avec des boutiques comme «Le Comptoir de Famille, Le Pain d’Epices, ou La Tour des Délices».
On peut voir encore la galerie Segas, curieuse boutique avec une enseigne en bois d’élan, où l’on trouve dans un décor particulier un grand choix de cannes, dont beaucoup sont des modèles de collection très rares. Le «Palais Oriental», sorte de souk en plein Paris, a régné ici pendant près de soixante dix ans.
On y trouve enfin l’hôtel Chopin avec sa façade au charme désuet et dont une chambre surplombe l’alignement du passage. L’une des sorties Art Déco du célèbre Musée Grévin donne également dans le passage, où la figure de Quasimodo continue à faire frémir les enfants !